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Le cheval

Le cheval

Le cheval

TRADUZIONE

Il cavallo

J’étais vraiment j’étais bien plus heureux
Bien plus heureux avant quand j’étais cheval
Que je traînais Madame votre landau
Jolie Madame dans les rues de Bordeaux
Mais tu as voulu que je sois ton amant
Tu as même voulu que je quitte ma jument
Je n’étais qu’un cheval oui oui mais tu en as profité
Par amour pour toi je me suis déjumenté.
Et depuis toutes les nuits
Dans ton lit de satin blanc
Je regrette mon écurie
Mon écurie et ma jument

Ero davvero più felice, più felice prima, quando ero cavallo, e trainavo la tua carrozzina, signora, per le strade di Bordeaux. Ma tu hai voluto che io fossi il tuo amante, hai voluto che lasciassi la mia giumenta, io non ero che un cavallo e tu te ne sei approfittata, per amore di te mi sono degiumentato. E da allora in avanti ogni sera nel tuo letto di seta bianca rimpiango la mia stalla, la mia stalla e la mia giumenta.

J’étais vraiment vraiment bien plus heureux
Bien plus heureux avant quand j’étais cheval
Que tu te foutais Madame la gueule par terre
Jolie Madame quand tu forçais le cerf
Mais tu as voulu que j’apprenne les bonnes manières
Tu as voulu que je marche sur les pattes de derrière
Je n’étais qu’un cheval oui oui mais tu m’as couillonné hein
Par amour pour toi je me suis derrièrisé
Et depuis toutes les nuits
Quand nous dansons le tango
Je regrette mon écurie
Mon écurie et mon galop

Ero davvero più felice, più felice prima, quando ero cavallo, quanto cadevi faccia a terra, bella Signora, quando cacciavi il cervo. Ma tu hai voluto che io imparassi le buone maniere, hai voluto che camminassi sulle zampe di dietro, non ero che un cavallo, ma tu mia hai coglionato, per amore di te di sono didietrizzato. E da allora ogni sera quando danziamo il tango rimpiango la mia stalla, la mia stalla e il mio galoppo.

J’étais vraiment vraiment bien plus heureux
Bien plus heureux avant quand j’étais cheval
Que je te promenais Madame sur mon dos
Jolie Madame en forêt de Fontainebleau
Mais tu as voulu que je sois ton banquier
Tu as même voulu que je me mette à chanter
Je n’étais qu’un cheval oui oui mais tu en as abusé
Par amour pour toi je me suis variété
Et depuis toutes les nuits
Quand je chante “ne me quitte pas”
Je regrette mon écurie
Et mes silences d’autrefois

Ero davvero più felice, più felice prima, quando ero cavallo e ti portavo, Signora, sulla mia schiena, mia bella Signora, nella foresta di Fontainbleau, ma tu hai voluto che io fossi il tuo banchiere, hai anche voluto che mi mettessi a cantare, io non ero che un cavallo, sì, ma tu ne hai approffitato, per amore di te mi sono varietizzato. E da allora ogni sera quando canto “Ne me quitte pas”, rimpiango la mia stalla e i miei silenzi di un tempo.

Et puis et puis tu es partie radicale
Avec un zèbre un zèbre mal rayé
Le jour Madame où je t’ai refusé
D’apprendre à monter à cheval
Mais tu m’avais pris ma jument mon silence
Mes sabots mon écurie mon galop
Tu ne m’as laissé que mes dents
Et voilà pourquoi je cours je cours
Je cours le monde en hennissant
Me voyant refuser l’amour
Par les femmes et par les juments

E poi, poi, te ne sei andata di colpo con una zebra, una zebra mal striata, il giorno che io ho rifiutato, Signora, di impara ad andare a cavallo; ma tu ti eri presa la mia giumenta, il mio silenzio, i miei zoccoli, le mie briglie e il mio galoppo, non mi hai lasciato che i denti, ed ecco perché corro, corro, corro per il mondo nitrendo, vedendomi rifiutare l’amore dalle donne e dalle giumente.

J’étais vraiment vraiment bien plus heureux
Bien plus heureux avant quand j’étais cheval
Que je promenais Madame votre landau
Quand j’étais cheval et quand tu étais chameau.

Ero davvero più felice, più felice quando ero un cavallo, e portavo, Signora, la vostro carrozzina, quand’ero cavallo e tu eri porcella.

Le plat pays

Le plat pays

Le plat pays

TRADUZIONE

Il paese piano

Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le cœur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l’est écoutez-le tenir
Le plat pays qui est le mien…

Con il mare del Nord per ultimo terreno indefinito, e delle onde di dune per fermare le onde e delle onde di roccia che le maree oltrepassano che hanno per il sempre il cuore in bassa marea, con infinità di nebbie a venire, con il vento dell’Est, ascoltalo tenere il paese piano che è il mio

Avec des cathédrales pour uniques montagnes
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décrochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir
Avec le vent d’ouest écoutez-le vouloir
Le plat pays qui est le mien

Con cattedrali come sole montagne, e campanili neri come alberi della cuccagna, dove diavoli di pietra disperdono le nubi, con lo scorrere dei giorni per unico viaggio e delle strade di pioggia come sola buonasera, con il vento dell’Ovest, ascoltato desiderare il paese piano che è il mio…

Avec un ciel si bas qu’un canal s’est perdu
Avec un ciel si bas qu’il fait l’humilité
Avec un ciel si gris qu’un canal s’est pendu
Avec un ciel si gris qu’il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vient s’écarteler
Avec le vent du nord écoutez-le craquer
Le plat pays qui est le mien

Con un cielo così basso da perdere un canale, con cielo così basso da creare l’umiltà, con un cielo così grigio da impiccare un canale, con un cielo così grigio che bisogna perdonargli, con il vento del Nord che viene a tormentarsi, con il vento del Nord, ascoltalo battere il paese piano che è il mio…

Avec de l’Italie qui descendrait l’Escaut
Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot
Quand les fils de novembre nous reviennent en mai
Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud écoutez-le chanter
Le plat pays qui est le mien.

Con l’Italia che il fiume Scheldt potrebbe portare, con Frida la bionda quando diventa Margot, quando i figli di novembre ci tornano in maggio, quando la piana è fumante e trema sotto luglio, quando il vento ride, quando il vento è sul grano, quando il vento è a Sud sentilo cantare il paese piano che è il mio…

Madeleine

Madeleine

Madeleine

TRADUZIONE

Madeleine

Ce soir j’attends Madeleine
J’ai apporté du lilas
J’en apporte toutes les semaines
Madeleine elle aime bien ça
Ce soir j’attends Madeleine
On prendra le tram trente-trois
Pour manger des frites chez Eugène
Madeleine elle aime tant ça
Madeleine c’est mon Noël
C’est mon Amérique à moi
Même qu’elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Joël
Mais ce soir j’attends Madeleine
On ira au cinéma
Je lui dirai des “je t’aime”
Madeleine elle aime tant ça

Stasera aspetto Madeleine, le ho portato dei lillà, gliene porto tutte le settimane, Madeleine lo adora. Stasera aspetto Madeleine, prenderemo il tram 33, per mangiare del fritto da Eugene, Madeleine lo adora, Madeleine è il mio Natale, è la mia America, anche se è troppa grazia per me, come dice suo cugino Joel. Ma stasera aspetto Madeleine, andremo al cinema, potrò dirle “Ti amo”, a Madeleine piace molto…

Elle est tellement jolie
Elle est tellement tout ça
Elle est toute ma vie
Madeleine que j’attends là

E’ talmente bella, è talmente tutto, è tutta la mia vita, Madeleine, che sto ad aspettare…

Ce soir j’attends Madeleine
Mais il pleut sur mes lilas
Il pleut comme toutes les semaines
Et Madeleine n’arrive pas
Ce soir j’attends Madeleine
C’est trop tard pour le tram trente-trois
Trop tard pour les frites d’Eugène
Madeleine n’arrive pas
Madeleine c’est mon horizon
C’est mon Amérique à moi
Même qu’elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Gaston
Mais ce soir j’attends Madeleine
Il me reste le cinéma
Je pourrai lui dire des “je t’aime”
Madeleine elle aime tant ça

Stasera aspetto Madeleine, ma piove sui miei lillà, piove come tute le settimane e Madeleine non arriva. Stasera aspetto Madeleine, è troppo tardi per il tram 33, troppo tardi per il fritto da Eugene, Madeleine non arriva… Madeleine è il mio orizzonte, è la mia America, anche se è troppa grazia per me, come dice suo cugino Gastone. Ma stasera aspetto Madeleine, mi resta il cinema, potro dirle “Ti amo”, a Madeleine piace tanto…

Elle est tellement jolie
Elle est tellement tout ça
Elle est toute ma vie
Madeleine qui n’arrive pas

E’ talmente bella, è talmente tutto, è tutta la mia vita, Madeleine, che non arriva…

Ce soir j’attendais Madeleine
Mais j’ai jeté mes lilas
Je les ai jetés comme toutes les semaines
Madeleine ne viendra pas
Ce soir j’attendais Madeleine
C’est fichu pour le cinéma
Je reste avec mes “je t’aime”
Madeleine ne viendra pas
Madeleine c’est mon espoir
C’est mon Amérique à moi
Mais sûr qu’elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Gaspard
Ce soir j’attendais Madeleine
Tiens le dernier tram s’en va
On doit fermer chez Eugène
Madeleine ne viendra pas

Stasera aspettavo Madeleine, ma ho gettato i miei lillà, li ho gettati come tutte le settimane e Madeleine non arriverà. Stasera aspettavo Madeleine, che peccato per il cinema, io resto coi miei “ti amo”, Madeleine non arriverà. Madeleine è la mia speranza, è la mia America, ma certo è troppa grazia per me, come dice suo cugino Gaspard. Stasera aspettavo Madeleine, guarda, l’ultimo tram se ne va, Eugene starà chiudendo, Madeleine non arriverà.

Elle est elle est pourtant tellement jolie
Elle est pourtant tellement tout ça
Elle est pourtant toute ma vie
Madeleine qui ne viendra pas

E’ comunque talmente bella, è comunque talmente tutto, è comunque tutta la mia vita, Madeleine, che non arriverà…

Mais demain j’attendrai Madeleine
Je rapporterai du lilas
J’en rapporterai toute la semaine
Madeleine elle aimera ça
Demain j’attendrai Madeleine
On prendra le tram trente-trois
Pour manger des frites chez Eugène
Madeleine elle aimera ça
Madeleine c’est mon espoir
C’est mon Amérique à moi
Tant pis si elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Gaspard
Demain j’attendrai Madeleine
On ira au cinéma
Je lui dirai des “je t’aime”
Et Madeleine elle aimera ça.

Domani aspetterò Madeleine, le riporterò dei lillà, glieli porto ogni settimana, Madeleine lo adorerà, prenderemo il tram 33 per mangiare il fritto da Eugene, Madeleine lo adorerà. Madeleine è la mia speranza, è la mia America, tanto peggio se è troppa grazia per me, come dice suo cugino Gaspard. Domani aspetterò Madeleine, andremo al cinema, le dirò “ti amo”, Madeleine lo adorerà.

Ces gens là

Ces gens là

Ces gens là

TRADUZIONE

Quelli là


D’abord d’abord y a l’aîné
Lui qui est comme un melon
Lui qui a un gros nez
Lui qui sait plus son nom
Monsieur tellement qui boit
Ou tellement qu’il a bu
Qui fait rien de ses dix doigts
Mais lui qui n’en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Et qui se prend pour le roi
Qui se saoule toutes les nuits
Avec du mauvais vin
Mais qu’on retrouve matin
Dans l’église qui roupille
Raide comme une saillie
Blanc comme un cierge de Pâques
Et puis qui balbutie
Et qui a l’oeil qui divague
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne pense pas Monsieur
On ne pense pas on prie

Prima di tutto c’è il vecchio, che è come un melone, che ha un gran naso, che non sa più il suo nome dal tanto che beve, signore, o dal tanto che ha bevuto, che non fa proprio niente, che non ne può più, che è completamente cotto, che si prende per il re, che si sbronza ogni notte con del vino cattivo, che lo si ritrova a mattino nella chiesa che dormicchia, rigido come una trave, bianco come un cero di Pasqua, e poi che balbetta e che ha l’occhio che divaga, va detto, signore, che da quelli là, non si pensa, signore, non si pensa… si prega.

Et puis y a l’autre
Des carottes dans les cheveux
Qu’a jamais vu un peigne
Ouest méchant comme une teigne
Même qu’il donnerait sa chemise
A des pauvres gens heureux
Qui a marié la Denise
Une fille de la ville
Enfin d’une autre ville
Et que c’est pas fini
Qui fait ses petites affaires
Avec son petit chapeau
Avec son petit manteau
Avec sa petite auto
Qu’aimerait bien avoir l’air
Mais qui n’a pas l’air du tout
Faut pas jouer les riches
Quand on n’a pas le sou
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne vit pas Monsieur
On ne vit pas on triche

E poi c’è l’altro, carote per capelli, che non ha mai visto un pettine, che è cattivo come una tigna, anche se darebbe la sua veste a della povera gente felice, che ha sposato la Denise, una ragazza del paese, o forse di un altro paese, e non è finita: fa i suoi affarucci con il suo cappellino, con il suo mantellino, con il suo furgoncino, che vorrebbe avere l’aria ma non ce l’ha affatto, non bisogna fare i ricchi quando non si hanno i soldi: bisogna dirlo, signore, che da quelli là non si vive, signore, non si vive… si finge.

Et puis y a les autres
La mère qui ne dit rien
Ou bien n’importe quoi
Et du soir au matin
Sous sa belle gueule d’apôtre
Et dans son cadre en bois
Y a la moustache du père
Qui est mort d’une glissade
Et qui recarde son troupeau
Bouffer la soupe froide
Et ça fait des grands chloup
Et ça fait des grands chloup
Et puis il y a la toute vieille
Qu’en finit pas de vibrer
Et qu’on n’écoute même pas
Et qu’on attende qu’elle creve
Vu que c’est elle qu’a l’oseille
Et qu’on écoute même pas
Ce que ses pauvres mains racontent
Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne cause pas Monsieur
On ne cause pas on compte

E poi ci sono gli altri, la madre che non dice niente, o cose che non importano, e dalla mattina alla sera sotto la sua bella faccia da falsa e sul suo mobile di legno ci sono i baffi del padre, che è morto per uno scivolone, e che guarda il suo gregge mangiare la zuppa fredda e fare dei gran slurp, fare dei gran slurp. E poi c’è la vecchia, che non la smette di tremare, che si aspetta che crepi, visto che è lei che ha i soldi, che nessuno l’ascolta quello che le sue povere mani raccontano, va detto, signore, da quelli là, non si parla, signore, non si parla… si conta.

Et puis et puis
Et puis y a Frida
Qui est belle comme un soleil
Et qui m’aime pareil
Que moi j’aime Frida
Même qu’on se dit souvent
Qu’on aura une maison
Avec des tas de fenêtres
Avec presque pas de murs
Et qu’on vivra dedans
Et qu’il fera bon y être
Et que si c’est pas sûr
C’est quand même peut-être
Parce que les autres veulent pas
Parce que les autres veulent pas
Les autres ils disent comme ça
Qu’elle est trop belle pour moi
Que je suis tout juste bon
A égorger les chats
J’ai jamais tué de chats
Ou alors y a longtemps
Ou bien j’ai oublié
Ou ils sentaient pas bon
Enfin ils ne veulent pas
Enfin ils ne veulent pas
Parfois quand on se voit
Semblant que c’est pas exprès
Avec ses yeux mouillants
Elle dit qu’elle partira
Elle dit qu’elle me suivra
Alors pour un instant
Pour un instant seulement
Alors moi je la crois Monsieur
Pour un instant
Pour un instant seulement
Parce que chez ces gens-là
Monsieur on ne s’en va pas
On ne s’en va pas Monsieur
On ne s’en va pas
Mais il est tard Monsieur
Il faut que je rentre chez moi.

E poi, poi c’è Frida che è bella come il sole e che mi ama quanto io amo lei, e ci diciamo spesso che avremmo una casa con grandi finestre, senza muri e che ci vivremo dentro e sarà bello starci, e se non è sicuro, è almeno un può essere, perché gli altri non vogliono, gli altri dicono che sono solo buono a ammazzare i gatti (non ho mai ammazzato gatti, o forse tanto tempo fa, o forse l’ho scordato) o non annusano del buono, comunque non vogliono, così quando ci vediamo anche se non è esplicito, con i suoi occhi bagnati dice che se ne andrà, che mi seguirà, allora per un istante, per un istante solo, le credo, per un istante, perché da quelli là, signore, da quelli là non si scappa mai… ma è tardi, signore, devo tornare.

La chanson des vieux amants

La chanson des vieux amants

La chanson des vieux amants

TRADUZIONE

La canzone dei vecchi amanti

Bien sûr, nous eûmes des orages
Vingt ans d’amour, c’est l’amour fol
Mille fois tu pris ton bagage
Mille fois je pris mon envol
Et chaque meuble se souvient
Dans cette chambre sans berceau
Des éclats des vieilles tempêtes
Plus rien ne ressemblait à rien
Tu avais perdu le goût de l’eau
Et moi celui de la conquête

Certo, c’è stato qualche temporale, vent’anni d’amore, l’amore folle, mille volle hai fatto le valige, mille volte me ne sono andato. E ogni mobile si ricorda in questa camera senza culla dei lampi delle vecchie tempeste. Ormai più niente assomigliava a niente, tu avevi perduto il gusto dell’acqua e io quello della conquista…

Mais mon amour
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l’aube claire jusqu’à la fin du jour
Je t’aime encore tu sais je t’aime

Ma amore mio, mi dolce, tenero, meraviglioso amore, dall’alba chiara fino alla fine del giorno, ti amo ancora, lo sai, ti amo…

Moi, je sais tous tes sortilèges
Tu sais tous mes envoûtements
Tu m’as gardé de pièges en pièges
Je t’ai perdue de temps en temps
Bien sûr tu pris quelques amants
Il fallait bien passer le temps
Il faut bien que le corps exulte
Finalement finalement
Il nous fallut bien du talent
Pour être vieux sans être adultes

Io so tutti i tuoi sortilegi, tu sai tutti i miei incantesimi, tu mi hai stretto di trappola in trappola, io ti ho persa di giorno in giorno. Di certo hai avuto qualche amante, bisognava pur passare il tempo, bisogna pur che il corpo gioisca… in fondo, in fondo ci è voluto del talento per essere vecchi senza essere adulti…

Et plus le temps nous fait cortège
Et plus le temps nous fait tourment
Mais n’est-ce pas le pire piège
Que vivre en paix pour des amants
Bien sûr tu pleures un peu moins tôt
Je me déchire un peu plus tard
Nous protégeons moins nos mystères
On laisse moins faire le hasard
On se méfie du fil de l’eau
Mais c’est toujours la tendre guerre

E più il tempo ci segue, più il tempo ci tormenta, ma non c’è cosa peggiore che vivere in pace per due amanti… di certo tu piangi un po’ meno presto, io mi distruggo un po’ più tardi, proteggiamo di meno i nostri segreti, si lascia fare meno al caso, ci si dibatte sul pelo dell’acqua ma è ogni giorno la tenera guerra…

Les bonbons

Les bonbons

Les bonbons (1964)

TRADUZIONE

I bonbon

Je vous ai apporté des bonbons
Parce que les fleurs c’est périssable
Puis les bonbons c’est tellement bon
Bien que les fleurs soient plus présentables
Surtout quand elles sont en boutons
Mais je vous ai apporté des bonbons

Vi ho portato i bonbon, perchè i fiori sono effimeri, poi i bonbon sono così buoni, sebbene i fiori siano più presentabili… soprattutto quando sono a boccioli… ma vi ho portato i bonbon…

J’espère qu’on pourra se promener
Que madame votre mère ne dira rien
On ira voir passer les trains
A huit heures je vous ramènerai
Quel beau dimanche pour la saison
Je vous ai apporté des bonbons

Spero che si potrà fare una passeggiata, che vostra madre non dirà niente, andremo a vedere passare i treni, alle otto vi raccompagnerò… che bella domenica di questa stagione! Vi ho portato i bonbon…

Si vous saviez ce que je suis fier
De vous voir pendue à mon bras
Les gens me regardent de travers
Y en a même qui rient derrière moi
Le monde est plein de polissons
Je vous ai apporté des bonbons

Sapeste come sono fiero di vedervi appesa al mio braccio… la gente ci guarda di traverso, c’è persino chi ride dietro di me… il mondo è pieno di canaglie! Vi ho portato i bonbon…

Oh oui Germaine est moins bien que vous
Oh oui Germaine elle est moins belle
C’est vrai que Germaine a des cheveux roux
C’est vrai que Germaine elle est cruelle
Ça vous avez mille fois raison
Je vous ai apporté des bonbons

Oh, sì, Germana è inferiore a voi, oh, sì Germana è meno bella, è vero che Germana ha i capelli rossi, è vero che Germana è crudele… a riguardo avete mille volte ragione. Vi ho portato i bonbon…

Et nous voilà sur la Grand’ Place
Sur le kiosque on joue Mozart
Mais dites-moi que c’est par hasard
Qu’il y a là votre ami Léon
Si vous voulez que je cède ma place
J’avais apporté des bonbons

Ecco sulla Piazza Grande, nel chiosco suonano Mozart, ma ditemi se per caso quello là è il vostro amico Leone… se volete gli cedo il mio posto… vi avevo portato i bonbon…

Mais bonjour mademoiselle Germaine

Ma buongiorno signorina Germana…

Je vous ai apporté des bonbons Parce que les fleurs c’est périssable
Puis les bonbons c’est tellement bon Bien que les fleurs soient plus présentables…

Vi ho portato i bonbon, perchè i fiori sono effimeri, poi i bonbon sono così buoni, sebbene i fiori siano più presentabili…

Les bonbons (1967)

TRADUZIONE

I bonbon

Je viens rechercher mes bonbons
Vois-tu Germaine j’ai eu trop mal
Quand tu m’as fait cette réflexion
Au sujet de mes cheveux longs
C’est la rupture bête et brutale
Je viens rechercher mes bonbons

Sono venuto a riprendermi i bonbon, vedi, Germana, sono stato troppo male quando mi hai fatto quelle riflessioni riguardo i miei capelli lunghi… è la rottura, sciocca e brutale. Sono venuto a riprendermi i bonbon.

Maintenant je suis un autre garçon
J’habite à l’hôtel George-V
J’ai perdu l’accent bruxellois
D’ailleurs plus personne n’a cet accent-là
Sauf Brel à la télévision
Je viens rechercher mes bonbons

Frattanto sono un altro ragazzo, abito all’albergo Giorgio Vì, ho perso l’accento di Bruxelles, ma d’altra parte non c’è più nessuno che ce l’ha (eccetto Brel alla televisione)… Sono venuto a riprendermi i bonbon.

Quand père m’agace moi
Je lui fais zop
Je traite ma mère de névropathe
Faut dire que père est vachement bath
Alors que mère est un peu snob
Mais enfin tout ça hein c’est le conflit des générations
Je viens rechercher mes bonbons

Quando papà mi irrita faccio « zop », tratto mia mamma da nevropatica, bisogna dire che papà è stranamente grazioso, mentre mamma è un po’ snob… in fin dei conti è il conflitto di generazioni, sono venuto a riprendermi i bonbon.

Et tous les samedis soir que je peux
Germaine j’écoute pousser mes cheveux
Je fais “glouglou” je fais “miam miam”
Je défile criant “Paix au Vietnam”
Parce qu’enfin enfin donc j’ai mes opinions
Je viens rechercher mes bonbons

E tutti i sabati sera che posso, Germana, mi ascolto crescere i capelli, faccio glùglù e gnamgnam, sfilo gridando « Pace in Vietnam », perchè alla fine ho le mie opinioni… Sono venuto a riprendermi i bonbon.

Oh mais ça c’est votre jeune frère Mademoiselle Germaine
C’est celui qu’est flamingant

…o ma questo è vostro fratello, signorina Germana, quello che è fiammingante…

Je vous ai apporté des bonbons
Parce que les fleurs c’est périssable
Puis les bonbons c’est tellement bon
Bien que les fleurs soient plus présentables
Surtout quand elles sont en boutons
Je vous ai apporté des bonbons.

Les vieux

Les vieux

Les vieux

TRADUZIONE

I vecchi

Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux
Même riches ils sont pauvres, ils n’ont plus d’illusions et n’ont qu’un cœur pour deux
Chez eux ça sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d’antan
Que l’on vive à Paris on vit tous en province quand on vit trop longtemps
Est-ce d’avoir trop ri que leur voix se lézarde quand ils parlent d’hier
Et d’avoir trop pleuré que des larmes encore leur perlent aux paupières
Et s’ils tremblent un peu est-ce de voir vieillir la pendule d’argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui dit : je vous attends

I vecchi non parlano più oppure soltanto dalla coda degli occhi, anche ricchi sono poveri, non hanno più illusioni e non hanno che un cuore in due. Da loro si senta il timo, la viola, la lavanda e le parole di un tempo, che si viva a Parigi si sta tutti in provincia quando si ha vissuto troppo a lungo. Ed è per aver troppo riso che la loro voce si taglia quando parlano di ieri, e per aver troppo pianto che delle lacrime ancora gli imperlano le guance, e se tremano un poco è perchè vedono invecchiare la pendola d’argento che ronza nel salone, che dice sì, che dice no, che dice: vi aspetto.

Les vieux ne rêvent plus, leurs livres s’ensommeillent, leurs pianos sont fermés
Le petit chat est mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanter
Les vieux ne bougent plus leurs gestes ont trop de rides leur monde est trop petit
Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit
Et s’ils sortent encore bras dessus bras dessous tout habillés de raide
C’est pour suivre au soleil l’enterrement d’un plus vieux, l’enterrement d’une plus laide
Et le temps d’un sanglot, oublier toute une heure la pendule d’argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, et puis qui les attend

I vecchi non sognano più, i loro libri s’assomigliano, i loro pianoforti sono chiusi, il vecchio gatto è morto, il moscato della domenica non li fa più cantare. I vecchi non lottano più, i loro gesti hanno troppi solchi, il loro mondo è troppo piccolo, dal letto alla finestra, poi dal letto al divano, poi dal letto al letto. E se escono ancora a braccetto tutti vesti di raso e per seguire al sole il funerale di uno più vecchio, di una peggiore, e nel tempo di un singhiozzo scordare d’un colpo la pendola d’argento che ronza nel salone, che dice sì, che dice no, e poi che li aspetta.

Les vieux ne meurent pas, ils s’endorment un jour et dorment trop longtemps
Ils se tiennent par la main, ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant
Et l’autre reste là, le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère
Cela n’importe pas, celui des deux qui reste se retrouve en enfer
Vous le verrez peut-être, vous la verrez parfois en pluie et en chagrin
Traverser le présent en s’excusant déjà de n’être pas plus loin
Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d’argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui leur dit : je t’attends
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non et puis qui nous attend.

I vecchi non muoiono, s’addormentano un giorno e dormono troppo a lungo. Si tengono per la mano, hanno paura di perdersi e comunque si perdono. E l’altro restà là, il migliore o il peggiore, il buono o il cattivo non importa, ma quello dei due che resta si ritrova all’inferno. Lo vedrete forse, la vedrete può darsi in pioggia e in rimorso attraversare il presente scusandosi di non essere già più lontano. E sarà davanti a voi per l’ultima volta la pendola d’argento che ronza nel salone, che dice sì, che dice no, che dice: t’aspetto… che ronza nel salone, che dice sì, che dice no, e poi che ci aspetta…